Née au XVIème siècle, l’eau-de-vie normande exprime la sublimation de la pomme. Au château du Breuil, des calvados ambitieux séduisent par leurs saveurs entremêlées de pomme et de bois.
Calvados ? Quel nom curieux et singulier, il ne résonne guère français… Son histoire est savoureuse, elle remonte au temps de l’Invincible Armada. En 1588, la tempête poussa sur les récifs de la côte normande le navire espagnol El Calvador. Par orgueil local, la prise de guerre donna son nom à un lieu-dit qui devait connaître un succès inattendu. En effet, pendant la Révolution, l’Assemblée Constituante baptisa Calvados l’un des départements normands. Et dès le début du XIXème siècle, l’eau-de-vie locale prit le nom de calvados, c’était le début du succès pour le cordial normand.
Évoquer le calvados, c’est célébrer les pommes. Le fruit, venu d’Asie, aurait connu un développement spectaculaire au XVIème siècle. De nouvelles variétés, arrivées du Pays Basque, sont plantées dans les vergers locaux. Et l’existence de l’eau-de-vie de cidre est attestée pour la première fois en 1533. Officier des Eaux et Forêts, Gilles de Gouberville peut être considéré comme le premier grand distillateur du calvados. Il installe un alambic dans son village de Mesnil-en-Val et relate dans son journal, la distillation du cidre pour élaborer une eau-de-vie de bouche. Les débuts sont encourageants. En 1606, sous le règne d’Henri IV, les distillateurs se réunissent en corporation. Plus tard, la reconnaissance des terroirs et des méthodes de distillation permettra de créer trois appellations d’origine contrôlée : le calvados, le calvados domfrontais et le calvados pays d’auge.
Avec ses tours pansues, ses colombages et ses toits de tuiles rouges, le château du Breuil propose une vision accomplie des XVIème et XVIIème siècles en illustrant magnifiquement l’architecture normande du Pays d’Auge. Imposant mais pas prétentieux, il appartient à l’histoire locale comme en témoignent les familles qui y ont séjourné : les Montgomery, Tancrède de Rohan et les Bence…
En 1954, le domaine trouve un nouveau destin. Issu d’une famille qui a toujours distillé du calvados, Philippe Bizouard achète le château du Breuil avec l’intention avouée de fonder une distillerie. Le lieu est parfaitement choisi, le sol argileux semble idéal pour la plantation de pommiers et le climat doux et humide est favorable à la maturation des fruits. Aujourd’hui, le Château du Breuil possède un verger de 42 hectares soit 22 000 pommiers. Douces, acides et amères, les différentes saveurs entrent dans la qualité du cidre avec les variétés : la fréquin rouge, la douce coëtlogné, la petit jaune, la pigeonnet et la kermerrien qui demeure la base des assemblages pour l’élaboration du cidre.
Dans le Pays d’Auge, le cidre est distillé dans un alambic charentais, il subit une double distillation qui permet d’obtenir une eau-de-vie plus de 70°. Le calvados naîtra avec le temps, au cours d’un long élevage qui permet de calmer son impétuosité juvénile tout en acquérant des arômes qui font sa grandeur. Le Château du Breuil s’inscrit résolument dans l’ambition, dans la production de calvados de qualité.
LES CALVADOS DU CHÂTEAU DU BREUIL
Le 12 ans d’âge : une entrée magnifique dans le monde de l’eau-de-vie normande. Du feu, de la puissance, à la fois souple et tannique, fruité et équilibré.
Réserve des Seigneurs “20 ans d’Age” (XO) : le temps a fait son œuvre, il a créé la fusion de l’alcool et du fruit pour présenter une matière noble et charnue, subtil mélange de saveurs de pomme et de bois. Une eau-de-vie rayonnante qui affiche la grâce et la race dans une finale longue et profonde.
Millésime 1993
Présenter une année particulière, c’est choisir la générosité du ciel. Ce calvados se présente intense et tendu, il affiche la franchise et la netteté dans une matière sensuelle et racée. Une finale interminable égrene les saveurs mélangées du bois et de la pomme.
Château du Breuil
14130 le Breuil en Auge tel : 02 31 65 60 00.