Les récents millésimes du château Talbot ont acquis une suavité et une gourmandise exceptionnelle. Ils racontent la vérité d’un saint-julien exemplaire qui n’a jamais suivi de mode. C’est une des raisons de son succès.
Reportage photos DR
LEGENDE ANGLAISE ET TRADITION CORDIER
Texte Texte colonne 1Talbot fait partie des lieux médocains qui attisent la séduction. Loin de la route des châteaux, cette grande maison qui disparaît derrière la vigne vierge quand arrive le printemps, respire le bonheur de vivre. Tranquillement, la demeure fait passer un message de pérennité et d’élégance à travers les pierres blondes de sa façade. Voilà 90 ans que la famille Cordier a investi le domaine, apportant sa vision de la vie médocaine. Aujourd’hui, Nancy Bignon et Lorraine Cordier, les filles de Jean Cordier perpétuent la tradition d’hospitalité de Talbot. Et malgré une légende tenace, John Talbot, le dernier gouverneur anglais de la Guyenne n’a jamais vécu dans le château qui porte son nom.
Vaste domaine, un des plus importants du Médoc, le vignoble de Talbot couvre 102 hectares d’un seul tenant sur le plateau de Saint-Julien. D’un coup d’œil panoramique, on peut suivre le mur de l’enclos de Léoville Las Cazes, apercevoir la tour du château Latour et, au loin les silhouettes des deux Pichon. Aucun doute, les vignes de Talbot regardent vers Pauillac comme l’affirme le style des vins plus structurés et plus tanniques que ceux du village de Beychevelle qui apparaissent plus suaves et plus aimables.
Christian Hosten, le responsable des vignes, apporte sa connaissance intime de la terre pour éclairer la nature des sols : « vers l’ouest et la forêt, les parcelles sont sableuses, ce ne sont pas les meilleures et elles donnent la majorité du second vin, le Connétable de Talbot. Devant le château, on trouve de belles vignes mais le cœur du domaine, c’est le Plateau. Ce sol magique qui mêle les graves et l’argile donne les meilleurs cabernets de la propriété. »
LA TERRE DE SAINT–JULIEN
Texte Texte colonne 2Sans le cabernet sauvignon, les vins du Médoc perdraient leur âme. A Talbot, il représente les deux tiers de l’encépagement et forge le style du vin. C’est un cépage autoritaire et inflexible qui ne transige pas. Il sait se tenir et ne fléchit jamais au moment de la maturité. Le cabernet sauvignon est complèté par un quart de merlot au caractère plus rond et plus souple et par 6% de petit verdot, un cépage qui apporte au vin de la couleur, de la fraîcheur et une petite note épicée. Il reste aussi un peu de cabernet franc mais il est appelé à disparaître en raison d’une personnalité jugée trop indécise.
Comment naît le style d’un vin ? Bien entendu, il faut avancer le terroir sans oublier la sensibilité et l’ambition du propriétaire. Talbot n’a jamais suivi la mode et les amateurs recherchent cette vision classique du saint-julien. Depuis quelques années, cette pérennité s’est doublée d’une ambition de taquiner les meilleurs. Rien de spectaculaire dans les changements mais une attention accrue aux détails. L’approche des 50 parcelles de vignes s’est faite plus précise, les vinifications ont subi quelques inflexions. Rien de changé en revanche pour l’élevage en barriques qui suit toujours le goût maison : le vin avant le chêne.
Château Talbot 33250 Saint-Julien Beychevelle tél : 05 56 73 21 50.
Site : www.chateau-talbot.com
Visite sur rendez-vous.
LES VINS : FINESSE ET ELEGANCE
Texte Texte colonne 3Insensiblement, les vins du château Talbot se sont civilisés. Ils apparaissent plus ouverts, plus flatteurs. Surtout, ils révèlent un charme inconnu, une réelle gourmandise. Pour autant, ils n’oublient pas leurs racines et le terroir de Saint-Julien. Les dégustations révèlent des rouges élégants et racés. Toujours généreux, ils exposent une structure charnue, une finesse toujours remarquable et une finale voluptueuse. En 1855, le château Talbot fut consacré Quatrième Grand Cru Classé et il porte toujours l’image d’un bordeaux élégant et d’une sincérité sans ombre.
LES DERNIERS MILLESIMES
Millésime déjà légendaire, le 2005 illustre la réussite du château. Le nez associe le cassis au chêne, la réglisse aux épices. L’attaque est volumineuse, la maturité exemplaire, le fruité précis et gourmand et les tanins excitants. Un vin qui sublime l’idée du cabernet sauvignon.
Moins concentré mais superbe, le 2006 affirme le style classique de Talbot en développant une grande intensité, de la puissance, de la plénitude et une finale prometteuse.
Le 2007 rend compte d’une année jalouse avec un vin qui joue les sensations directes autour des arômes de fruits rouges, d’une matière séduisante et de tanins bien enrobés. Un vin qui peut déjà se boire en attendant le magnifique 2008.
Un dernier mot, le château Talbot produit aussi un épatant vin blanc baptisé Caillou Blanc à base de sauvignon et de sémillon. Et l’on chuchote que le 2008 est sublime…
l’abus d’alcool est dangereux pour la santé
à consommer avec modération