Richebourg, Cros Parantoux, Aux Brûlées, Les Chaumes… le domaine Méo-Camuzet entretient la fabuleuse légende des vins de la Côte des Nuits. Des vins suaves, élégants et racés qui allient puissance et finesse en idéalisant le pinot noir.
Vosne-Romanée
Texte Texte colonne 1Une mairie IIIème république, un clocher d’ardoise et une marée de toits rouges dessinent le village de Vosne-Romanée. En allant vers le coteau, une petite route conduit dans un vignoble de légende. Des noms qui font brûler les désirs. A gauche de la route, la Grande Rue, un peu plus loin la Tâche. A droite, la Romanée Saint-Vivant, la Romanée et la Romanée Conti. Au loin, c’est Richebourg. Discret et modeste, Jean-Nicolas Méo dirige la maison Méo-Camuzet qui possède des vignes dans le sanctuaire rouge de la Côte des Nuits. Aux Brûlées, Cros Parantoux, Richebourg, des noms vénérés par les amateurs de vin du monde entier. Une sublime occasion de décliner le pinot noir dans une des plus grandes maisons de Bourgogne.
Le vignoble français aime bien raconter des histoires de familles. Les successions et les héritages ont ainsi modelé la terre bourguignonne. Le domaine Camuzet doit tout à la personnalité d’un homme, Etienne Camuzet. Député de la Côte d’Or, il réussit à constituer un remarquable vignoble en achetant de jolies parcelles. A sa mort, il léguera les propriétés à sa fille qui la transmettra à son fils Jean Méo en 1959. Membre du cabinet du général De Gaulle puis un temps, directeur du quotidien France Soir, l’homme vit à Paris et regarde de loin son vignoble bourguignon. Incroyablement, les vignes sont cultivées par des fermiers et des métayers et les vins vendus au négoce local. En 1985, virage à 180°, Jean Méo change de métier, se fait vigneron et met son nom sur les étiquettes. Son fils Jean-Nicolas a pris la suite. « J’ai eu la chance énorme de commencer avec les grands millésimes 1989 et 1990, je suis né vigneron coiffé avoue-t-il. Depuis, les choses sont allé très vite. En 20 ans, le Domaine Méo-Camuzet s’est construit une image flatteuse en proposant des vins suaves qui reflètent la générosité des « climats » de Vosne-Romanée.
LA SAGA DU CROS PARENTOUX
Texte Texte colonne 2Décliner les vosne-romanée 2006 de la maison est littéralement jubilatoire avec l’impression soyeuse de pénétrer dans l’intimité d’une appellation. Et il suffit de grimper les marches pour passer de la félicité au paradis. Premier échelon, le « vosne-romanée villages » joue l’ouverture de l’opéra du pinot noir en affichant la trame : des arômes de framboise et de mûre, une belle structure, une fraîcheur salutaire et une finale pimpante. Le suivant, le « vosne-romanée 1er cru Les Chaumes pénètre plus loin dans l’âme du pinot noir assénant une grande intensité, une finesse de texture et un équilibre superbe. Un rouge pour une conversation avec une langue de bœuf.
Jamais classé, le Cros Parantoux avait été laissé en friche après le phylloxéra. Trop pentu et trop difficile à travailler avaient jugé les propriétaires. Pendant la Guerre, on y avait planté des topinambours. « C’est Henri Jayer qui l’a sorti de l’anonymat dans les années 50 précise Jean-Nicolas Méo. Vingt ans plus tard, les vignes avaient vieilli, le vin a commencé à séduire. Avec le temps, le Cros Parantoux est devenu une cuvée exceptionnelle qui fait perdre la raison aux amateurs. Le snobisme aidant, il a atteint des prix stratosphériques, le 2005 coûte ainsi plus de 1000 € la bouteille ! Nous possédons un petit jardin de 30 ares de Cros Parentoux poursuit Jean-Nicolas, des terres très marquées qui donnent des vins très marqués. Le 2006 affiche un nez très mûr, une texture de dentelle et une grâce infinie. Ce qui marque, c’est un dessin très épuré, un équilibre miraculeux et surtout une somptueuse élégance qui n’éteint pas la gourmandise.
PUISSANCE, FINESSE ET FRAICHEUR …
Texte Texte colonne 3Moins mondain et plus réservé, le Vosne-Romanée 1er cru Aux Brûlées ne jouit pas de cette flatteuse réputation. Et pourtant… “Pour moi, il se situe au niveau d’un Grand Cru lance tout net Jean-Nicolas Méo. Cela tient à l’âge des vignes plantées à la fin des années 30. Du “pinot fin” qui donne des petites baies à la peau épaisse, grosses comme des billes de plomb. Certaines années comme en 2005, Aux Brûlées est supérieur à Cros Parentoux”. Et ce pourrait bien être le cas en 2006 comme l’affirme un nez complexe qui mêle les fleurs et les fruits noirs à un boisé d’une grande subtilité. L’attaque est pleine et voluptueuse et il conjugue la race et la gourmandise misant sur la séduction d’un fruité charnel. Somptueux et nettement moins cher que le Cros Parentoux.
Le haut de l’échelle est atteint par le Richebourg, un Grand Cru à conjuguer au superlatif qui semble réunir toutes les qualités des Vosnes-Romanée. Il n’a sans doute pas le nez le plus développé mais il se montre exceptionnel dans la puissance et la concentration. Pas la moindre baisse d’intensité dans une matière au fruité pur et intense qui aligne tous les superlatifs: fraîcheur, finesse, élégance, race et finale longue et savoureuse.
Au terme de la dégustation, le style des Vosne-Romanée de la maison Méo-Camuzet se dessine. Une musique qui résonne sur trois accords majeurs: la puissance, la finesse et la fraîcheur. L’union des contraires se fait fusionnelle pour engendrer des vins qui conjuguent la race à l’élégance, la réserve de la jeunesse et la gourmandise. Il est sûrement des bourgognes plus puissants et d’autres plus délicats mais difficile de trouver des rouges aussi complets.
Domaine Méo-Camuzet
11, rue des Grands Crus
21700 Vosne-Romanée
tél : 03 80 61 11 05.
www.meo-camuzet.com
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