VOUVRAY : LE BONHEUR DU CHENIN

“Un grand vouvray ne s’exprime jamais dans la puissance. Il doit refléter la douceur et la nonchalance du val de Loire”. Comment ne pas souscrire à cet aphorisme, il est signé Noël Pinguet, un des meilleurs vignerons de l’appellation.

Au fond, le vouvray raconte la Loire et l’histoire. Connu depuis mille ans, le vignoble raconte la prospérité des monastères mais aussi le succès du chenin sur le bord du grand fleuve. Les historiens ont retrouvé sa trace en Anjou sur un manuscrit de l’an 841 signé par Charles le Chauve. Et Rabelais évoque dans Gargantua les “gros raisins chenins”. Indocile, versatile, mûrissant tardivement, le chenin apparaît comme le cépage le plus rétif et le plus agaçant du vignoble français. “On croit le connaître confient les vignerons, il prend la tangente et s’échappe”. Par chance, ses réussites sont à la hauteur de sa mauvaise humeur. Les sols de Vouvray lui donne l’occasion de s’exprimer. Sa musique résonne sur les “perruches”, des argiles à silex qui donne des vins droits, aériens et altiers. En revanche, sur les “aubuis”, des sols de craie pure, les vins paraissent plus gras et plus généreux. Pour effeuiller les nuances, il est indispensable d’évoquer les humeurs du ciel. Chaque année, le vignerons doit les accepter pour connaître le style du vin du millésime. Avec un temps froid et revêche, le vin présentera une fringante acidité que viendra gommer un séjour en cave.

Si la météo se montre généreuse comme depuis l’an 2000, le vouvray affichera de belles rondeurs, une opulence et un générosité qui le conduiront vers le moelleux voir le liquoreux lorsque le millésime se montre exceptionnel comme en 2003. Dérivant vers le baroque et l’exotique, le vin de chenin devient opulence et richesse. Il prend une couleur jaune d’or, le bouquet complexe dérive vers l’indicible en mêlant le miel et la vanille, les fruits confits et les champignons. Majestueuse, la bouche joue l’équilibre entre le sucre et l’acide et fait résonner une prodigieuse longueur en bouche.

Vif et alerte, le vouvray sec se met avec bonheur au service des charcuteries locales, des rillettes, des rillons, de l’andouillette. Il peut même aller plus loin et se marier avec des huîtres, des langoustines rôties ou un brochet au beurre blanc. Les mœlleux se montrent parfaits avec un boudin aux pommes, un poulet au curry ou un canard aux épices. Quant aux grands liquoreux, ils peuvent se déguster au dessert avec un pithiviers, une tarte tatin ou un gâteau fondant au chocolat mais ils donneront le meilleur d’eux mêmes, à l’heure de l’apéritif avec des tartines de foie gras.

NOS BONNES ADRESSES
Domaine Huet 37210 Vouvray tél : 02 47 52 78 87.
Sec ou moelleux, c’est la référence du vouvray à travers les cuvées Le Mont et Clos du Bourg. Magnifique sec 2010, envoûtant Le Mont 2008.

Philippe Brisebarre 37210 tél : 02 47 52 63 07.
Avec la cuvée Amédée, ce vigneron présente un vouvray sec, tendu et énergique qui module son caractère entre fruité et minéralité.

Philippe Foreau 37210 Vouvray tél : 02 47 52 71 46.
Un 2010 sec tout à fait épatant avec son nez d’agrumes et de fleurs, sa verticalité et son incontestable élégance.

Sébastien Brunet 37210 Vouvray tél : 02 47 52 90 72.
Le caractère sec de la cuvée Renaissance autorise un début de tendresse. Un blanc 2010 d’une belle précision qui s’affirme dans une finesse certaine.

Domaine d’Orfeuilles 37210 Vouvray
Les agrumes se mêlent à la pierre à fusil pour composer un nez séduisant. Acidité, gras et minéralité se combinent en bouche pour définir un blanc parfaitement équilibré.