Toute petite déjà, dans ses Vosges natales, elle passait autant de temps que possible dans la cuisine, dans les jupes de sa mère, excellente cuisinière.
Ses petites copines rêvaient de Patrick Bruel, elle c’était Michel Guérard ou Paul Bocuse.
Marie-Caroline Malbec
Wok et cocotte
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Avec un père chinois, épicier et cuisinier, ayant grandi à La Réunion jusqu’à 17 ans, sa mère faisait une cuisine pas comme les autres, haricots rouges, riz, légumes sautés au wok, soupes chinoises flirtaient avec pots au feu et blanquettes de veau.
Les épices, la citronnelle, le piment, la coriandre, la vanille, tous ces produits exotiques ont développé très tôt chez Caroline un palais très aiguisé et élargi son horizon culinaire.
Dans ce contexte, Caroline a mis très vite la menotte à la pâte.
Quand les autres enfants couraient chez le marchand de journaux acheter Mickey ou Pif Poche, elle, elle mettait tout son argent de poche dans Cuisine et Vins de France, Saveurs ou Gault et Millau.
Gourmande de petits plats mais aussi de l’histoire des chefs, de la découverte de produits et de nouvelles recettes.
Pas étonnant qu’elle se soit dirigée vers des études liées à ce monde qui l’envoutait.
Ce sera l’œnologie, à Beaune. Le palais aiguisé par sa culture du goût, elle a vite appris et est devenue une très bonne dégustatrice.
Elle est alors déterminée à devenir journaliste, dans ce domaine qui la fait vibrer.
Elle a du caractère, Caroline, et de la volonté.
Elle envoie son CV aux rédactions qui ont bercé son enfance et nourri sa passion, et c’est méthodiquement qu’elle va tous les rappeler…
Mais partout, c’est chou blanc, à peine si on lui répond, il faut dire qu’elle ne se doutait pas à quel point ce métier est une sorte de cercle très privé qui ne se laisse pas aborder comme ça. Dans les rédactions parisiennes, on prend de haut cette petite provinciale.
Du rêve à la réalité
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La chance va finir par lui sourire, comme quoi la persévérance, ça paie…
Guy Job, le producteur de l’émission de Joël Robuchon, « Bon appétit bien sûr », diffusée sur France 3, monte une chaîne câblée sur la cuisine « Gourmet TV ». A l’époque, c’est la première du genre et le projet a été largement repris dans les médias, elle en a entendu parler. Elle appelle.
Et là, miracle ! Guillaume Crouzet, rédacteur en chef de Gourmet TV, la prend au téléphone, pile au moment où l’une des présentatrices de l’émission de Robuchon annonce son départ.
Il leur faut quelqu’un immédiatement, petite précision : en plus d’un CV très sérieux, Caroline est ravissante, avec ses jolis yeux en amande et ses longs cheveux noirs, héritages de ses origines chinoises.
Elle est prise. Incroyable ! Elle va présenter l’émission pour le chef le plus connu du monde après Bocuse. Joël Robuchon, l’un de ceux qui a bercé ses rêves depuis qu’elle est en âge de lire, celui dont elle sait le moindre détail de sa carrière.
Pour avoir travaillé avec elle pendant de nombreuses années, je peux vous dire que je ne connais personne d’autre qui connaisse aussi bien les chefs, TOUS les chefs, à croire que tous les ans, elle apprend le Michelin par cœur.
Le nom d’un chef est cité, aussi petit soit-il, elle va vous réciter son parcours et vous décrire ses recettes dans la seconde.
Inimaginable pour une jeune fille de son âge, et évidemment précieux ! Quand Gourmet TV démarre, elle en est tout naturellement l’un des piliers.
En plus d’être jolie et de connaître son métier, elle est drôle, joyeuse et très sociable, la plupart des chefs qui étaient ses héros, vont devenir des amis.
Le bonheur est à la montagne…
Texte Texte colonne 3A partir de là, elle est l’un des petits soldats de Guy Job, qui multiplie les projets de télévision, Robuchon toujours, bien sûr ! Mais aussi, entre autres, le premier concours de chefs, L’ECOLE DES CHEFS, bien avant TOP CHEF, sans compter de nombreux reportages, toujours sur les cuisiniers et la gastronomie.
A l’occasion d’un des tournages de BABS, elle rencontre Alexandre Faix, chef du Domaine du Mont d’Arbois, là, en pleine montagne, c’est le coup de foudre !
Petit à petit, Paris, les chefs et son métier de journaliste vont passer au second plan, elle se marie et accouche d’un petit garçon, Aristide.
Elle s’installe à Megève, Alexandre a quitté le Mont d’Arbois et monté son restaurant, Le bistrot de Megève, il rêve d’en ouvrir un autre à Paris, la montagne semble provisoire.
Mais finalement, ils ne vont pas bouger.
Caroline est une vraie fille de la campagne, Alexandre aime cet endroit. Aristide va grandir au contact de la nature.
Et même si Caroline va régulièrement en Belgique en tant que consultante d’émissions culinaires, c’est maintenant auprès de sa famille qu’elle trouve son équilibre.
Elever un enfant, seconder son mari dans la gestion de l’image de son restaurant, suivre des cours de graphiste pour éditer une ligne de sets de table pour la restauration sous la marque « Aristide est à la pêche », vivre sa passion mais autrement, simplement et au quotidien.
A quarante ans, loin des bruits de casserole parisiens, Caroline a accompli ses rêves et les a transformés.
Pour le bonheur d’Alexandre et d’Aristide, chasse aux papillons, pêche à la mouche et cueillette de champignons sont leurs occupations et ce sont les plus belles du monde.